Selon saint Luc

Selon saint Luc
Vitrail de Nonancourt

mardi 19 novembre 2013

Luc 6, 27-38 - Aimez vos ennemis


27 Mais à vous qui m'écoutez je dis : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, 
28 bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. 29 celui qui te frappe sur une joue, présente encore l'autre; et à celui qui t'enlève ton manteau, n'empêche pas (de prendre) aussi ta tunique.
30 Donne à qui conque te demande, et à qui t'enlève ce qui est à toi, ne réclame point.
31 Et ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux.
32 Et si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on? Aussi bien, les pécheurs aiment ceux qui les aiment.
33 Et si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on? les pécheurs aussi en font autant.
34 Et si vous prêtez à ceux de qui vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on? Des pécheurs aussi prêtent à des pécheurs, afin de recevoir l'équivalent.
35 Mais aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour; et votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, lui qui est bon pour les ingrats et les méchants.
36 Soyez miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux.
37 Et ne jugez point, et vous ne serez point jugés; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés; absolvez et vous serez absous.
38 Donnez, et l'on vous donnera : on versera dans votre sein une bonne mesure, pressée, tassée, débordante; car avec la mesure dont vous mesurez il vous sera mesuré en retour. "

2 commentaires:

  1. Les philosophes retrouveront dans ces phrases la « règle d’or » : ne fait pas autrui ce que tu ne veux pas pour toi-même. Pourtant, il y a plus dans ce texte qu’une simple attention à l’autre. La mesure de Jésus est débordante. Elle pousse plus loin que la loi du talion juive, que l’on considère pourtant injustement. Selon le talion, tu n’iras pas plus loin dans la punition que le mal que l’on t’a fait, ce qui est déjà un frein à la violence. Pas plus d’un œil pour un œil perdu. Jésus va plus loin dans ce que le philosophe Lévinas appelle une an-archie, au-delà du commandement du talion, il s’agit d’une démesure. Aimez vos ennemis. Qui peut le faire naturellement. La démesure est le chemin de l’amour vrai.

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  2. « Si l’on te frappe sur la joue, présente encore l’autre ! » Jésus ne dit pas de tendre la même, ce qui signifierait que l’on reste dans une position sacrificielle. L’autre joue signifie, comme le dit le philosophe, croiser le regard de l’assaillant, lui imposer ses yeux qui implorent et qui demandent en même temps : « Pourquoi ? ». Le questionnement de l’assassin, c’est ouvrir une porte vers l’âme d’autrui, refuser de subir et introduire la question, ce sursoit éthique qui interpelle l’autre et lui demande de prendre distance sur ses gestes. « Tu me frappes, vas-y. Je t’offre l’autre joue, puisque tu t’acharnes, mais ce geste te rend comptable de ton acharnement ». Difficile à entendre, probablement pour les victimes ! Il faut comprendre cela, une fois encore à l’aune de la Croix. Car la Croix éclaire le jusqu’au bout de l’amour, qui n’est pas qu’une théorie sur l’amour des ennemis. Elle est chemin, mise en œuvre, dynamique qui nous conduit à croire que l’amour sera plus grand que la mort. Une foi qui nous vient de Dieu, comme vient cette espérance de la résurrection. Les béatitudes s’entendent alors dans cet axe qui va du malheureux d’aujourd’hui au bienheureux de demain. Utopie, diront certains. Ce n’est pas la conviction de ceux qui ont commencé à marcher sur le chemin de l’amour, même s’ils ont souvent conscience d’avancer dans le noir…

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