Selon saint Luc

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Vitrail de Nonancourt

lundi 12 novembre 2018

Au fil de Luc 17, 10 - serviteur fidèle

Quel est notre chemin sur cette terre ? Nous rêvons souvent de faire de grande chose et oublions que tout vient de Dieu.

S'il y a une chose qui compte dans nos vies, c'est bien d'être attentif à la grâce.

    « Car la grâce de Dieu s'est manifestée

pour le salut de tous les hommes.

    Elle nous apprend à renoncer à l'impiété

et aux convoitises de ce monde,

et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable,

avec justice et piété,

    attendant que se réalise la bienheureuse espérance :

la manifestation de la gloire

de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ.

    Car il s'est donné pour nous

afin de nous racheter de toutes nos fautes,

et de nous purifier

pour faire de nous son peuple,

un peuple ardent à faire le bien. » (Tite,  2, 11-14)

           

Au terme d'une vie bien remplie nous pourrons dire :

"Nous sommes de simples serviteurs :

nous n'avons fait que notre devoir" » (Luc 17, 10)


Et nous aurons alors rembourser la dette que le Seigneur n'exige jamais, mais qui s'est contracté avec notre créateur pour toutes les grâces reçues.


C'est à l'aurore de nos vies que nous entendrons alors le prix du serviteur fidèle : «Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j'ai entendu de mon Père.» (Jean 15, 15)


vendredi 9 novembre 2018

Au fil de Luc 16,9-15. - l’amour de l’argent - Clément d’Alexandrie

« Faites-vous des amis avec l'argent malhonnête » Luc 16, 10

Il ne s'agit pas pour Luc de nous pousser à la malhonnêteté, mais bien à une générosité féconde, à nous servir pour autrui d'une mesure pleine et débordante.

Il ne s'agit pas d'acheter autrui et le royaume, mais de transformer notre cœur pour aimer au sens de l'agape. Un amour large, profond, élevé et durable. 


« Celui qui donnera à boire à l'un de mes disciples, même un simple verre d'eau fraîche, ne perdra pas sa récompense » (Mt 10,42)... 


 Écoutons saint Clément d'Alexandrie : « Les richesses dont nous disposons ne doivent pas ne servir qu'à nous ; avec des biens injustes on peut faire une œuvre juste et salutaire, et soulager l'un de ceux que le Père a destinés à ses demeures éternelles... Qu'elle est admirable, cette parole de l'apôtre Paul : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9,7), celui qui fait l'aumône de bon cœur, qui sème sans compter afin de moissonner aussi abondamment, et qui partage sans murmure, hésitation ou réticence... Et il est encore plus grand, ce mot que le Seigneur dit ailleurs : « Donne à quiconque te demande » (Lc 6,30)... (...). 

Réfléchis alors à la récompense magnifique promise à ta générosité : les demeures éternelles. Quel beau commerce ! Quelle affaire extraordinaire ! On achète l'immortalité pour de l'argent ; on échange les biens caducs de ce monde contre une demeure éternelle dans les cieux ! Si donc, vous les riches, vous avez de la sagesse, appliquez-vous à ce commerce... Pourquoi vous laissez fasciner par des diamants et des émeraudes, par des maisons que le feu dévore, que le temps écroule, qu'un tremblement de terre renverse ? N'aspirez qu'à vivre dans les cieux et à régner avec Dieu. Un homme, un pauvre, vous donnera ce royaume... D'ailleurs, le Seigneur n'a pas dit : « Donnez, soyez généreux et larges, secourez vos frères », mais « Faites-vous des amis ». L'amitié ne naît pas d'un seul don, mais d'une longue familiarité. Ni la foi, ni la charité, ni la patience ne sont l'œuvre d'un jour : « mais celui qui aura persévéré jusqu'au bout sera sauvé » (Mt 10,22). (1)


L'agape n'est pas la simple philia de l'amitié des hommes. On découvre la distinction dans l'échange de Pierre et de Jésus dans Jean 21. M'aimes-tu d'Agape, demande deux fois Jésus à Pierre, avant de passer à la philia. Là est l'enjeu final. 


Prenons de la distance et contemplons le chemin tracé par Luc : « Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convie pas tes amis, ni tes frères, ni les gens de ta parenté, ni des voisins riches, de peur qu'ils ne te rendent ton invitation et qu'ainsi tu sois payé de retour. Mais lorsque tu donnes un banquet, invite des pauvres, des estropiés, des infirmes, des aveugles. Heureux seras-tu, parce qu'ils n'ont pas de quoi te payer de retour! En effet, tu seras payé de retour à la résurrection des justes.» Luc 14:12-14 NBS 


L'agape est déjà entre les lignes au chapitre 14. Elle se transforme en miséricorde au chapitre 15, prends de l'ampleur dans l'histoire du gérant malhonnête... (Luc 16, 1-8) et nous voici grimper une nouvelle marche, course en avant qui nous conduit dans la dynamique de Philippiens 3 (cf. Post de jeudi). Il y a là un chemin hyperbolique à contempler...

Le point ultime n'est-il pas Jésus sur la Croix ?


(1) Saint Clément d'Alexandrie, Sermon « Quel riche peut être sauvé ? », § 31 (trad. coll. Icthus, t. 6, p. 45 rev.), source Evangelizo 



jeudi 8 novembre 2018

Chemins de miséricorde - L'intégrale de Luc commentée en epub gratuit


Pour saluer la fin de cette lecture de Luc, j’ai proposé en 2014 une version e.pub gratuite téléchargeable sous ce lien : "Chemins de miséricorde". Une autre manière de lire et contempler Luc sur votre tablette.
Elle comporte index et recherche thématique.
Une version papier de Chemin de miséricorde est également disponible à tout petit prix, sous le lien ci-dessus.
Vous pouvez continuer à me faire part de vos commentaires en ligne sur ce site.

Et à la suite de ce blog, une lecture cursive des Actes des apôtres, de Paul et autres lettres a été publié sur Amazon sous les titres  de :
- chemin d’Église
- serviteur de l’homme, ...
 Retrouvez la suite et l’actualisation de ces méditations sur https://chemin.blogspot.fr

mercredi 7 novembre 2018

Au fil de Luc 15 - La brebis perdue - saint Pierre Chrysologue


Qui sommes nous pour parler de l'amour de Dieu ? Écoutons à ce sujet le commentaire de saint Pierre Chrysologue :

« La parabole de la brebis perdue parle davantage de la tendresse de Dieu que de la façon dont les hommes se comportent habituellement. Et elle exprime une vérité profonde. Délaisser ce qui a de l'importance pour l'amour de ce qu'il y a de plus humble est propre à la puissance divine, non à la convoitise humaine. Car Dieu fait même exister ce qui n'est pas ; il part à la recherche de ce qui est perdu tout en gardant ce qu'il a laissé sur place, et il retrouve ce qui était égaré sans perdre ce qu'il tient sous sa garde.

Voilà pourquoi ce berger n'est pas de la terre mais du ciel. La parabole n'est nullement la représentation d'œuvres humaines, mais elle cache des mystères divins, comme les nombres qu'elle mentionne le démontrent d'emblée : « Si l'un de vous, dit le Seigneur, a cent brebis et en perd une »... Vous le voyez, la perte d'une seule brebis a douloureusement éprouvé ce berger, comme si le troupeau tout entier, privé de sa protection, s'était engagé dans une mauvaise voie. C'est pourquoi, laissant là les quatre-vingt-dix-neuf autres, il part à la recherche d'une seule, il ne s'occupe que d'une seule, afin de les retrouver et de les sauver toutes en elle » (1)


(1) Saint Pierre Chrysologue, Sermon 168, 4-6 ; CCL 24B, 1032 (trad. Delhougne, p. 439), source Evangelizo 


mardi 6 novembre 2018

Au fil de Luc 14,27, 33 - suivre Jésus


Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. (...) Ainsi donc, celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »(1)


On peut toujours arguer et fuir devant l'exigence du Verbe. Et n'est-ce pas souvent notre cas ? Pourtant nos aînés dans la foi nous montre un chemin plus radical qui ne peut que nous interpeler. 

« Le père de François voulait le faire comparaître devant l'évêque pour qu'il renonce à tous ses droits d'héritier et lui restitue tout ce qu'il possédait encore. François, en véritable amant de la pauvreté, se prête volontiers à la cérémonie, se présente au tribunal de l'évêque et, sans attendre un moment ni hésiter en quoi que ce soit, sans attendre un ordre ni demander une explication, enlève aussitôt tous ses habits et les rend à son père... Rempli de ferveur, emporté par l'ivresse spirituelle, il quitte jusqu'à ses chausses et, complètement nu devant toute l'assistance, déclare à son père : « Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre ; désormais, je puis dire avec assurance : 'Notre Père qui es aux cieux', puisque c'est à lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi. » L'évêque, un homme saint et très digne, pleurait d'admiration à voir les excès où le portait son amour de Dieu ; il s'est levé, a attiré le jeune homme dans ses bras, l'a couvert de son manteau et a fait apporter de quoi l'habiller. On lui a donné le pauvre manteau de bure d'un fermier au service de l'évêque. François l'a reçu avec reconnaissance et, ramassant ensuite sur le chemin un morceau de gypse, y a tracé une croix ; ce vêtement signifiait bien cet homme crucifié, ce pauvre à moitié nu. C'est ainsi que le serviteur du Grand Roi a été laissé nu pour marcher à la suite de son Seigneur attaché nu à la croix. » (2)


Hier nous écoutions l'hymne aux Philippiens qui a très probablement inspiré ce geste : méditons le : « lui qui était vraiment divin, il ne s'est pas prévalu d'un rang d'égalité avec Dieu, mais il s'est vidé de lui-même en se faisant vraiment esclave, en devenant semblable aux humains; reconnu à son aspect comme humain, il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à la mort – la mort sur la croix.» (3)


Il nous faut à notre tour « quitter nos vêtements » (cf. Ex 33, 5) pour retrouver la nudité originelle (Gn 2, 25)


1) Traduction Liturgique de la Bible - source AELF

(2) Saint Bonaventure, La Vie de saint François, Legenda major, ch. 2 (trad. Vorreux et Desbonnets, Documents, Eds. Franciscaines 1968, p. 576 rev.), source Evangelizo 

(3) Philippiens 2:6-8 NBS