Un essai de lecture cursive, collective et commentée (voir les commentaires ouverts à tous) de l'Evangile selon saint Luc. N'hésitez pas à participer à cette lecture au fil de l'eau !
dimanche 10 novembre 2013
Luc 5, 12-13 - Seigneur, si tu veux me guérir
12 Or, comme il était dans une des villes, survint un homme tout couvert de lèpre. En voyant Jésus, il se prosterna la face contre terre et le supplia, disant : " Seigneur, si tu le veux, tu peux me guérir. "
13 Il étendit la main, le toucha et dit : " Je le veux, sois guéri. " Et à l'instant la lèpre le quitta.
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On ne peut s’empêcher de repenser à la scène touchante du film Ben Hur qui nous permet de nous plonger dans le contexte local, de percevoir combien les lépreux étaient des êtres maudits, rejetés, éloignés des populations et condamnés à mourir dans la souffrance. Cette mise en lumière nous permet alors de sentir ce que le geste de Jésus représente. « Il le toucha ». Il a bravé la peur et s’est approché de l’homme. Par ce petit récit, Luc commence à nous dévoiler une autre facette de Jésus, celle de la miséricorde.
RépondreSupprimerL’échange n’est pas à négliger. « Si tu le veux. [...] Je le veux ». On sent alors encore un petit chiasme qui insiste à nouveau sur le toucher :
RépondreSupprimerA lèpre
B Si tu le veux
C Il étendit la main, le toucha
B’ Je le veux
A’ la lèpre le quitta
En quoi cela nous concerne-t-il ? A priori en rien, à nous les « biens portants » sauf que l’échange est le concentré d’une prière. Elle n’est pas de l’ordre de l’exigence, mais bien de cette attitude particulière qui reconnaît la toute-puissance de Dieu et implore son bon vouloir. On peut souligner que souvent, nos demandes restent sans réponse. Peut-être ne vont-elles pas jusqu’à se coller à la volonté de Dieu. Car le « si tu le veux » dépasse notre demande, elle se place dans une autre dimension, celle du plan de Dieu qui nous échappe. Non pour dire que nos demandes non répondues, notre souffrance est dans le plan de Dieu, mais bien pour souligner qu’il y a là mystère, que l’on se trouve au cœur même de la question de Dieu et de la réponse que seule donne Jésus sur la Croix. Pourquoi la lèpre ? Pourquoi le mal ? Est-ce de notre faute ? Est-ce voulu par Dieu ? Un thème difficile auquel on ne peut répondre en quelques phrases.
Cf. du même auteur sur ce sujet : « Quelle espérance pour l’homme souffrant ? » .
Il nous faut aussi relire le récit de la guérison de Naaman, le général-syrien-lépreux. Dans l’Ancien Testament, cette histoire est aussi une question de foi. « Va te baigner au Jourdain » dit le prophète Elisée. L’homme refuse jusqu’à ce qu’un esclave lui dise : « Mon père, si le prophète t'avait demandé quelque chose de difficile, ne l'aurais-tu pas fait? Combien plus dois-tu lui obéir, quand il t'a dit: Lave-toi, et tu seras pur? Il descendit et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu; et sa chair redevint comme la chair d'un petit enfant, et il fut purifié. » 2 Rois 5, 13-14
RépondreSupprimerIl faut du temps à l’homme, empli d’autorité pour consentir à descendre, à s’agenouiller, à se plonger dans le fleuve. Ici, le lépreux est à terre, on le voit à genoux devant Jésus. Quel contraste ! Il y a ceux qui ont consenti au baptême de Jean et ceux qui croient qu’ils n’ont pas besoin de descendre… Luc nous conduit encore plus loin que le récit de Naaman.