Selon saint Luc

Selon saint Luc
Vitrail de Nonancourt

mardi 21 janvier 2014

Luc 19, 1-10 – Zachée


1 Étant entré dans Jéricho, il traversait (la ville).
2 Et voici qu'un homme appelé du nom de Zachée, qui était un publicain-chef et qui était riche, 
3 cherchait à voir Jésus, qui il était ; et il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était petit de taille.
4 Courant en avant, il monta sur un sycomore pour le voir, car il devait passer par là.
5 Quand il arriva à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : " Zachée, hâte-toi de descendre, car aujourd'hui il faut que je demeure dans ta maison. "
6 Il se hâta de descendre et le reçut avec joie.
7 Ce que voyant, ils murmuraient tous, disant : " Il est entré pour loger chez un pécheur. "
8 Or Zachée, s'étant arrêté, dit au Seigneur : " Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens ; et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je rends le quadruple. "
9 Jésus lui dit : " Le salut est arrivé aujourd'hui pour cette maison, parce que lui aussi est fils d'Abraham.
10 Car le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. "

3 commentaires:

  1. En complément de ce que nous avons esquissé à propos de Luc 18, une longue étude des théophanies, dans l’Ancien Testament, permet de voir combien Dieu nous invite à descendre de nos certitudes, de nos tours de Babel, et à partir au désert pour nous rendre disponible à l’écoute de la Parole, il en est de même de Dieu, qui vient se mettre à notre « échelle », s’incarne et vient habiter chez nous.
    Le texte de Zachée montre bien ce mouvement. Il faut savoir, d’abord, comme le soulignent les Pères de l’Église que le fait de descendre à Jéricho, qui se situe au-dessous du niveau de la mer et géographiquement très en dessous de Jérusalem, évoque un mouvement de Dieu vers l’homme, à l’inverse de la montée à Jérusalem. Non seulement Jésus descend à Jéricho, mais il invite Zachée à descendre lui aussi de son arbre (sa tour) pour se rendre chez lui, au cœur de lui-même, dans sa maison et en vérité avec lui-même, dans le don de ses biens…
    Plus encore, une étude de Jean 4 (la Samaritaine) le montre, dans ce récit, Jésus se met en attitude de demande.
    Son « donne-moi à boire » résonne chez Luc, comme un « j’ai soif de votre humanité» et rejoindra, ainsi le cri du Christ en croix, prononcé avant que ne jaillisse (encore chez Jean) de son sein le fleuve d’eau et de sang, comme un geyser d’amour qui inonde le monde et sur lequel nous reviendrons.
    Le récit de Zachée comme chez Jean illustre l’attente de Dieu. Elle rejoint aussi celle du père qui guette son fils (Luc 15). La soif de Dieu pour l’homme est éternelle. Elle suit et précède son don toujours plus intense.

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  2. Commentaire de sainte Catherine de Sienne :
    « Voici un doux remède : lorsque le cœur est bas et petit, il faut faire comme Zachée, qui n’était pas grand, et qui est monté sur un arbre pour voir Dieu. Son zèle lui a mérité d’entendre cette douce parole : « Zachée, va à ta maison, car aujourd’hui il faut que je mange avec toi. » Nous devons faire ainsi lorsque nous sommes bas, lorsque nous avons le cœur étroit et peu de charité : il faut monter sur l’arbre de la très sainte croix, et là nous verrons, nous toucherons Dieu. Là nous trouverons le feu de sa charité inexprimable, l’amour qui l’a poussé jusqu’à la honte de la croix, qui l’a exalté, et lui a fait désirer avec l’ardeur de la faim et de la soif l’honneur de son Père et notre salut… Si nous le voulons, si notre négligence n’y met pas d’obstacle, nous pourrons, en montant sur l’arbre de la croix, accomplir en nous cette parole, sortie de la bouche de la Vérité : « Quand je serai élevé de terre, j’attirerai tout à moi » (Jn 12,32 Vulg). En effet, lorsque l’âme s’élève ainsi, elle voit les bienfaits de la bonté et de la puissance du Père…, elle voit la clémence et l’abondance de l’Esprit Saint, c’est-à-dire cet amour inexprimable qui tient Jésus attaché sur le bois de la croix. Les clous et les liens ne pouvaient pas l’y retenir ; il n’y avait que la charité… Montez sur cet arbre très saint, où sont les fruits mûrs de toutes les vertus que porte le corps du Fils de Dieu ; courez avec ardeur. Demeurez dans le saint et doux amour de Dieu. Doux Jésus, Jésus amour (1). »

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  3. Pour aller plus loin :
    C. Hériard, « Théophanies », in L’Amphore et le fleuve

    (1) Sainte Catherine de Sienne (1347-1380), tertiaire dominicaine, docteur de l'Église, co-patronne de l'Europe, Lettre 119, au prieur des religieux olivétains, source : Evangelium

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