Un essai de lecture cursive, collective et commentée (voir les commentaires ouverts à tous) de l'Evangile selon saint Luc. N'hésitez pas à participer à cette lecture au fil de l'eau !
samedi 18 janvier 2014
Luc 18, 18-30 – Le jeune homme riche
18 Et un certain chef lui demanda : " Bon Maître, en quoi faisant entrerai-je en possession de la vie éternelle? "
19 Jésus lui dit : " Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul.
20 Tu connais les commandements : Ne commets pas l'adultère, ne tue pas, ne dérobe pas, ne porte pas de faux témoignage, honore ton père et ta mère. "
21 Il dit : " J'ai observé tous ces (commandements) depuis ma jeunesse. "
22 Ayant entendu (cela), Jésus dit : " Une chose encore te fait défaut : vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, et suis-moi. "
23 Lorsqu'il eut entendu cela, il devint tout triste, car il était fort riche.
24 Le voyant (triste), Jésus dit : " Combien difficilement ceux qui ont les richesses pénétreront dans le royaume de Dieu !
25 Il est, en effet, plus aisé pour un chameau de passer par le trou d'une aiguille, que pour un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. "
26 Ceux qui entendaient dirent : " Et qui peut être sauvé? "
27 Il dit : " Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu. "
28 Et Pierre dit : " Voici que nous, quittant ce que nous avions, nous vous avons suivi. "
29 Il leur dit : " Je vous le dis, en vérité, nul n'aura quitté maison, ou femme, ou frères, ou parents, ou enfants, à cause du royaume de Dieu,
30 qui ne reçoive plusieurs fois autant en ce temps-ci, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle. "
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Là encore, la lecture cursive nous permet de peser le récit à l’aune des versets précédents (la prière du pharisien et du publicain) et suivants (l’annonce de la Passion). Il ne suffit pas de suivre les commandements en surface, mais bien, insiste Jésus de les mettre en pratique, c'est-à-dire aller jusqu’au bout du don.
RépondreSupprimerBien sûr, il est probable que l’appelle de Jésus ne nous appelle pas à obéir à la lettre, dès le premier jour et certains commentateurs notent, non sans humour, qu’en donnant sa voiture au pauvre on ne peut plus aller les trouver. Il y a néanmoins un travail à faire au cœur de ses choix personnels pour atteindre ce qui reste de l’ordre de l’impossible à l’homme : le don de soi-même.
C’est avec Dieu, porté par l’Esprit que nous trouverons le chemin. Comme le disait mon curé en substance : « ce n’est pas en prévoyant un programme de sainteté que vous y aboutirez », c’est en laissant votre cœur ouvert, en sortant sur le parvis, et en vous laissant cueillir par Dieu qui connaît votre chemin.
« Sortons, [donc] sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités(1) ».
(1) Evangellii Gaudium § 49
Jean Paul II dans Veritatis Splendor fait un long commentaire de ce texte. Il y insiste notamment sur le « si tu veux ». Car l’appel du Christ reste notre liberté. Plus qu’un commandement c’est, comme le dirait peut-être à sa manière E. Lévinas un an-arche (avant tout commandement).
RépondreSupprimerQue ce texte précède celui de Luc 19 (Zachée) n’est pas anodin. On pourrait même y voir une sorte de chiasme qui s’articulerait comme cela :
RépondreSupprimerA - Lc 18, 22 : « vends tout ce que tu as, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux ; puis viens, et suis-moi. " »
B - Lc 18, 28 Et Pierre dit : " Voici que nous, quittant ce que nous avions, nous vous avons suivi. "
C - Lc 18, 32-33 Fils de l'homme [...] sera livré aux Gentils, sera bafoué, sera outragé, et sera couvert de crachats ; 33 et, après l'avoir flagellé, on le fera mourir, et il ressuscitera le troisième jour.
A’ - Lc 19, 8 « Or Zachée, s'étant arrêté, dit au Seigneur : " Voici, Seigneur, je donne aux pauvres la moitié de mes biens ; et si j'ai fait du tort à quelqu'un, je rends le quadruple. "
Ce n’est pas une construction concentrique comme on l’a déjà croisée plus haut, mais il y a bien une sorte d’encadrement entre les deux riches et le grand donateur, qu’il va falloir méditer.
Pour aller plus loin :
RépondreSupprimer- Jean Paul II, Veritatis Splendor, § 30ss
- Pape François, EG § 49
- Jean-Luc Marion, Etant donné