Selon saint Luc

Selon saint Luc
Vitrail de Nonancourt

vendredi 24 janvier 2014

Luc 19, 39-43 – Les pierres crieront.


39 De la foule quelques Pharisiens lui dirent : " Maître, réprimandez vos disciples ! "
40 Il répondit : " Je vous les dis, si ceux-ci se taisent, les pierres crieront. "
41 Et quand il fut proche, voyant la ville, il pleura sur elle, 
42 disant : " Si, en ce jour, tu avais connu, toi aussi, ce qui était pour (ta) paix ! Mais maintenant cela demeure caché à tes yeux.
43 Car vont venir sur toi des jours où tes ennemis établiront contre toi un retranchement, t'investiront et te serreront de toute part ;
44 ils t'abattront à terre, ainsi que tes enfants (qui sont) chez toi, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le moment où tu as été visitée. "
45 Étant entré dans le temple, il se mit à chasser ceux qui vendaient, 
46 leur disant : " Il est écrit : Et ma maison sera maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs. "
47 Et il enseignait chaque jour dans le temple. Les grands prêtres et les scribes cherchaient à le faire périr, ainsi que les chefs du peuple ;
48 mais ils ne trouvaient pas ce qu'ils pourraient faire, car le peuple entier était, en l'écoutant, suspendu à ses lèvres.

3 commentaires:

  1. Temple des hommes, temple de Dieu. Au sein de ce contraste, et à la lumière des tensions déjà évoquées, il nous faut contempler le chemin de l’homme-Dieu qui passe de l’acclamation au déshonneur tout en restant le temple fragile et douloureux, au cœur duquel Dieu a choisi de se révéler.

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  2. Dans la première consécration du temple, la position des statues de pierre suggérait que Dieu ne pouvait être contenu dans le Saint des Saints.
    En effet, même si après la longue description de la construction du Temple, le texte de 1 Rois 8, 4-13 décrit une apparition divine limitée, lors de son achèvement ce passage utilise le style littéraire d’une manifestation divine type, au point que l’on peut se demander si le rédacteur n’a pas reproduit le style littéraire des récits précédents pour souligner la réalité de la présence de Dieu dans le temple. Il peut s’inspirer également, d’une certaine manière, de traditions anciennes qui voient les dieux construire eux-mêmes leurs temples(1).
    La phrase du roi Salomon vient dans ce cadre souligner ce désir d’enfermer Dieu dans ces murs :

    « J’ai bien bâti une résidence princière pour toi, un lieu où tu puisses résider pour toujours ». (1 R 8, 13)

    Est-il possible que l’on reproduise ici, à nouveau, la chute d’Adam et que l’on construise une deuxième tour de Babel faite de main d’homme ? L’espace est étroit entre le chemin vers Dieu et le chemin sans Dieu. Et toute initiative purement humaine est souvent entachée de cette tentation. Le temple est ici œuvre humaine, signe de puissance et de richesse. Mais on a cherché à justifier qu’il est dans le plan de Dieu, allant peut-être jusqu’à décrire la descente de la nuée pour justifier un culte et la puissance du roi, appuyés par les prêtres qui officient dans le temple. Est-ce un mirage, un souhait, ou la présence réelle de Dieu ? Il planait à l’époque un doute et une incertitude.
    La suite du texte, fruit d’une rédaction plus tardive, est venue viendra corriger cela en insistant sur le fait que seul le nom de Yhwh est abrité dans le temple (2).
    Là Jésus balaye plusieurs siècles d’histoire juive. On conçoit l’ampleur du déchirement qui se crée.

    (1) d’après Cross et Freedman (1955, 240, 250), cité par I Kings, A New translation with introduction and commentary, Mordechai Cogan, , The Anchor Bible, 2000
    (2) cf. sur la théologie du texte, P. Buis, Le livre des Rois, p. 84ss et dans I Kings, A New translation with introduction and commentary, Mordechai Cogan, la référence à 1 R 8 39.43.49 et au Ps 33, 14

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  3. Commentaire du Pape François :
    « Le peuple tout entier était suspendu à ses lèvres »
    « Aujourd’hui, je voudrais brièvement évoquer une autre de ces images qui nous aident à illustrer le mystère de l’Église : celle du temple (Vatican II, LG 6)… À Jérusalem, le grand Temple de Salomon était le lieu de la rencontre avec Dieu dans la prière. À l’intérieur du Temple, il y avait l’Arche de l’alliance…, un rappel que Dieu avait toujours été à l’intérieur de l’histoire de son peuple… Nous aussi quand nous allons au temple nous devons nous rappeler cette histoire, chacun de nous notre histoire, comment Jésus m’a rencontré, comment Jésus a marché avec moi, comment Jésus m’aime et me bénit. Voilà, ce qui était préfiguré dans l’antique Temple est réalisé, par la puissance du Saint Esprit, dans l’Église : l’Église est la « maison de Dieu », le lieu de sa présence, où nous pouvons trouver et rencontrer le Seigneur ; l’Église est le Temple où habite le Saint Esprit qui l’anime, la guide et la soutient. Si nous nous demandons : où pouvons-nous rencontrer Dieu ? Où pouvons-nous entrer en communion avec lui à travers le Christ ? Où pouvons-nous trouver la lumière du Saint Esprit qui éclaire notre vie ? La réponse est : dans le peuple de Dieu, parmi nous, qui sommes Église… Et c’est le Saint Esprit, avec ses dons, qui dessine la diversité. Cela est important : que fait le Saint Esprit parmi nous ? Il dessine la diversité qui est qui est la richesse dans l’Église et qui unit tout et tous, de manière à constituer un temple spirituel, dans lequel nous offrons [...] nous-mêmes, notre vie (1P 2,4-5). L’Église n’est pas un mélange de choses et d’intérêts, mais elle est le Temple du Saint Esprit, le Temple dans lequel Dieu œuvre, le Temple dont chacun de nous, à travers le don du baptême, est une pierre vivante… Nous sommes tous nécessaires pour construire ce Temple !

    Source : Pape François, Audience générale du 26/06/2013 (trad. © Libreria Editrice Vaticana)

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