Selon saint Luc

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Vitrail de Nonancourt

mercredi 8 janvier 2014

Luc 16, 19-31 – Le pauvre Lazare


19 Il y avait un homme riche qui s'habillait de pourpre et de lin et qui, chaque jour, festoyait splendidement.
20 Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères
21 et désireux de se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; et même, les chiens venaient lécher ses ulcères.
22 Or il arriva que le pauvre mourût, et il fut emporté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche aussi mourut, et on lui donna la sépulture.
23 Dans l'enfer, il leva les yeux, en proie aux tourments, et il aperçut de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
24 Et il s'écria : " Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare pour qu'il trempe dans l'eau le bout de son doigt et me rafraîchisse la langue, car je souffre dans cette flamme. "
25 Abraham dit : " Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et pareillement Lazare ses maux. Maintenant il est consolé ici, et toi tu souffres.
26 Et avec tout cela, entre nous et vous a été établi un grand abîme, de sorte que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le pourraient pas, et que [ceux] de là-bas ne traversent pas non plus vers nous. "
27 Et il dit : " Je te prie donc, père, de l'envoyer à la maison de mon père, 
28 — car j'ai cinq frères, — pour leur attester (ces choses) de peur qu'ils ne viennent, eux aussi, dans ce lieu de tourment. "
29 Abraham dit : " Ils ont Moïse et les prophètes : qu'ils les écoutent ! "
30 Il dit : " Non, père Abraham ; mais si quelqu'un de chez les morts va vers eux, ils se repentiront. "
31 Il lui dit : " S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, même si quelqu'un ressuscitait d'entre les morts, ils ne seraient pas persuadés. "

3 commentaires:

  1. C’est dans l’axe de la tension évoquée aux versets précédents qu’il convient de relire ce texte. Certes, il évoque le feu de l’enfer, comme le verset 18 dénonçait l’adultère. Pourtant, entre les lignes on peut lire aussi le souci de Dieu qui, inlassablement, depuis l’appel d’Osée (« va, ré-épouse la prostituée), jusqu’au Christ, ne cesse de s’agenouiller devant l’homme pour le conduire sur un autre chemin.
    À nous de ne pas ignorer ce que des générations ont refusé d’entendre.
    On pourra relire sur le même thème, les § 197ss d’Evangelii gaudium dont nous tirons ce petit extrait : « Pour l’Église, l’option pour les pauvres [...] la préférence divine a des conséquences dans la vie de foi de tous les chrétiens, appelés à avoir « les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5). Inspirée par elle, l’Église a fait une option pour les pauvres, entendue comme une « forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne [...]. Pour cette raison, je désire une Église pauvre pour les pauvres. Ils ont beaucoup à nous enseigner. En plus de participer au sensus fidei, par leurs propres souffrances ils connaissent le Christ souffrant. Il est nécessaire que tous nous nous laissions évangéliser par eux(1). »
    (1) Ibid. § 198.

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  2. Sur l’existence de l’enfer, voir aussi les commentaires de Luc 3, 17-18. Ajoutons une autre citation d’Hans Urs von Balthasar : « Maintenant que le ciel s’ouvre [avec la venue du Christ], l’enfer éternel s’ouvre en même temps pour la première fois. [...] Les déclarations à son sujet ne peuvent être omises ou passées sous silence. Et l’Esprit consolateur fera prendre conscience au monde qu’il y a un péché, une justice et un jugement (cf. Jn 16, 8)(2). » Le théologien ajoute cependant plus loin (p. 74) que si l’on ne peut évaluer l’amour de Dieu et son jugement, le « chrétien reçoit un dépôt infiniment plus précieux : l’espérance chrétienne ». Et c’est peut-être dans cette perspective que l’on peut méditer ce texte.

    (2) Hans Urs von Balthasar , L’amour seul est digne de foi, Saint Maur, Parole et silence – Cerf, 1989, p. 71

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  3. Commentaire de Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église

    « Dieu regarde le cœur » (1S 16,7)

    Est-ce que ce pauvre a été reçu par les anges à cause du seul mérite de sa pauvreté ? Et le riche a-t-il été livré aux tourments par la seule faute de sa richesse ? Non : comprenons-le bien, c’est l’humilité qui a été honorée dans le pauvre, et l’orgueil condamné dans le riche. Voici, en bref, la preuve que ce ne sont pas les richesses mais l’orgueil qui a valu au riche son châtiment. Le pauvre a donc été porté dans le sein d’Abraham ; mais l’Écriture dit d’Abraham qu’il avait beaucoup d’or et d’argent et qu’il était riche sur terre (Gn 13,2). Si tout riche est envoyé dans les tourments, comment Abraham a-t-il pu devancer le pauvre pour le recevoir dans son sein ? C’est qu’Abraham, au milieu de ses richesses, était pauvre, humble, respectueux et obéissant à tous les ordres de Dieu. Il tenait ses richesses pour si peu de choses que, lorsque Dieu le lui a demandé, il a accepté d’offrir en sacrifice son fils à qui il destinait ces richesses (Gn 22,4). Apprenez donc à être pauvres et dans le besoin, soit que vous possédiez quelque chose en ce monde, soit que vous ne possédiez rien. Car on trouve des mendiants remplis d’orgueil et des riches qui confessent leurs péchés. « Dieu résiste aux orgueilleux », qu’ils soient couverts de soie ou de haillons, « mais il donne sa grâce aux humbles » (Jc 4,6), qu’ils possèdent ou non les biens de ce monde. Dieu regarde l’intérieur ; c’est là qu’il pèse, là qu’il examine.

    Source : Les Discours sur les psaumes, Ps 85 ; CCL 39, 1178 (trad. Orval rev.), cité par Evangelio

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