L’ange
lui dit: Ne crains point, Marie; car tu as trouvé grâce devant
Dieu. Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et
tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé Fils
du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David,
son père. Il régnera sur la maison de Jacob éternellement, et son
règne n’aura point de fin.
Jésus, ce qui veut dire "Dieu sauve". Ici, l'action humaine, le culte sont réduits à néant. Il s'agit d'une réception pure : le don de Dieu. Dans la liturgie nuptiale, on peut entendre la réponse sacramentelle qui est signe de l'alliance même de Dieu et de l'homme : "Je te reçois et je me donne à toi". Ici aussi la réception dépasse de loin le don, même si celui-ci sera total. Car ce qui est donné de manière unique à la Vierge est ce don de Dieu fait homme. Prenons distance sur ce petit village de Nazareth, ce bout du monde, loin du Temple où l'on n'attendait rien. Certes, il y avait quelques prophéties passées que les phrases attribuées à l'ange semblent rappeler (cf. Za 9, 9 : Exulte de joie, fille de Sion) ou Is. 7, 14 : une jeune femme est enceinte, mais on est bien dans un lieu qui semble abandonné de Dieu, dans un pays sous la coupe de l'envahisseur, dans un monde où la foi semble avoir quitté le peuple. Et c'est là que Dieu a choisi d'habiter, mettant ainsi l'espoir là où on ne l'attendait plus.
RépondreSupprimerIl y a là pour tous, même aujourd'hui, un signe d'espérance...
Le lecteur d’aujourd’hui est en droit cependant d’affirmer son scepticisme. Comment est-il possible qu’une vierge puisse enfanter ? Les réponses de la Tradition sont multiples. Elles interpellent la foi et le mystère. Le rationalisme moderne peut rejeter tout cela.
RépondreSupprimerIl y a néanmoins, quelque chose qu’il ne peut rejeter : la lecture spirituelle. Déjà, dès les premiers siècles, certains pères de l'Église pratiquaient cette prise de distance par rapport aux faits. Ainsi Grégoire de Nysse parlait des plaies d’Égypte comme les tentations intérieures de l’homme et non comme les punitions d’un Dieu vengeur. Et son interprétation permettait de dépasser la non-historicité d’un récit ancien.
Alors, si nous n’avions qu’une lecture spirituelle, que voudrait dire la virginité de Marie. Peut-être la seule contemplation qu’au-delà des contingences matérielles, le don de Dieu, quel qu’en soit les formes est immense et dépasse notre raison. La naissance virginale est-elle une légende ? Peut-être, même si ce n’est pas ce qu’affirme l'Église. Ce qui compte demeure : comment accueillons-nous dans nos vies l’infini de Dieu…
Pour aller plus loin, voir aussi l'analyse de Bacq, Philippe et Ribadeau-Dumas, Odile, Luc 1 à 4, L’Évangile de l’enfance, Lumen Vitae, p. 29 à 30
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